jeudi 2 décembre 2010

XERODERMA PIGMENTOSUM

Épouse ce frisson néogène et lointain,
Car, par d’indécentes délicatesses, elle
S’accroche à tes larmes, Lune, Muse si frêle,
Qui pigmente déjà les douceurs de ton teint.

Poulbot de Séléné, marâtre, puis matrice,
A fleur de peau tu es luciole d’une vie.
Lumières éclipsées, sas d’un bonheur fini,
Entôlent tes lueurs, te laissant en coulisses.

De brumes charnelles se subliment tes noces
Qui s’immiscent sans cesse à la faveur d’Eos,
Colombe des Titans, perçant cette clarté,
Tes plumes incisent Hélios d’une bonté.

T’effleures-tu bien trop pour ne pas t’efflorer,
Au père sidéral que tu viens déplorer.
Cesse d’arborer les cygnes d’une passion
Séduisante, non moins frigide en émotions.

Funeste éphélide qui marque ton destin,
Qui hurle de rousseur un
Au clair de la lune
Cruel, amer, cuisant. Et le ton est châtain :
Nuances avariées, jaunes, roses et brunes.

Tu sais ton temps brûlé, ta durée consumée
Sur ce fil sans prisme, bicolore genèse,
Qui en est turpide, coiffée d’odieuses braises.
Ecoute la flamme te fouetter, abîmée.

Le mitard charbonnant dans ton feu crépuscule
Incertain, nébuleux, quand la geôlière Aurore
Du bagne solaire pellicule ta mort,
C’est ton désert violet qui devient ergastule.

Maghrébine le doux mistral est bien trop loin
Pour étreindre ton corps d’un modeste parfum.
Grimpe l’Atlas, défier l’inquisiteur céleste.
Pater vitae sic tuae mortis est

Le soleil se couche mais il ne meurt jamais.
C’est pourquoi ton rare scorpion diurne immole
Lumière vive pour ombre atonique, frivole.
L’étoile enflamme ta liberté désormais.

Tendre éclat qui luit tant, temps éclaté qui sue
Tant. Telle l’épave barbare sur ta robe,
Ta dépouille se peint d’insolentes sangsues,
Tyrans indéniables, cohorte des plus nobles.


Ton aube se drape d’une bruine de cendres
Cutanée, merveille qui courtise gangrène
Dermique, beauté qui saupoudre les étrennes
Obscènes, vitales d’épices tant cassandres.

De sénescence tu sens ces sens s’éclipser
Goutte à goutte. Et le souffle s’égare, garrot
Stellaire inhumant ton parfum déjà gercé.
Au déclin du sauveur, c’est l’essor du bourreau.

Sens-tu la stridence sur ton humble épiderme ?
C’est Anubis déjà, qui s’abat d’un bras ferme,
En crissant les marches de cette allée mortelle ;
Bourgeon inerme sur l’îlot de ta prunelle.


De ses derniers rayons, si fidèles chimères
La comète peu à peu dérobe ton âme,
Flamboyant ta robe, et l’enrobe de flammes.
Déréliction déjà transfusée isomère.

Martyr régi selon une nyctinastie
Sempiternelle tu resteras d‘apathie,
Tel pétale que nul n’admire, et galaxie
Délaissée pour cause de diurne inertie.


L’astre t’a embrasée ; embrasse donc les cieux,
De cette peau fanée, peaufinée d’une pluie.
Mais admire, d‘abord, comme la Lune luit :
Plus une brise, plus une vie dans tes yeux.

Déploie tes brûlures de joie comme des ailes.
Puis contemple ô combien le soleil étincèle,


A merveille,
ce soir, ton coeur, déjà, flétri.


Gaston


3 commentaires:

  1. le soleil se couche mais il ne meurt pas

    pourtant

    je vois les reflets d'une aurore dont je ne verrai pas se lever le Soleil...

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  2. Il te reste de vouloir parler à tous

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  3. il y a une puissance indescriptible dans ce poeme.Une puissance telle qui dégage un son de tambour mélodieux,faramineux,chaud.MAJESTUEUX.

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