mardi 28 décembre 2010

"-Je me demandais, dit le Sauvage, pourquoi vous les tolérez, à tout prendre, attendu que vous pouvez produire ce que vous voulez dans ces flacons. Pourquoi ne faites-vous pas de chacun un Alpha-Plus-Plus, pendant que vous y êtes?
Mustapha Menier se mit à rire.
-Parce que nous n'avons nul désir de nous faire égorger, répondit-il. Nous croyons au bonheur et à la stabilité. Une société composé d'Alphas ne saurait manquer d'être instable et misérable. Imaginez une usine dont tout le personnel serait constitué par des Alphas, c'est-à-dire par des individus distincts, sans relation de parenté, de bonne hérédité, et conditionnés de façon à être capables (dans certaines limites) de faire librement un choix et de prendre des responsabilités. Imaginez cela! répéta-t-il.
Le Sauvage essaya de se l'imaginer, sans grand succès.
-C'est une absurdité. Un homme décanté en Alpha, conditionné en Alpha, deviendrait fou s'il avait à effectuer le travail d'un Epsilon-Semi-avorton, il deviendrait fou, on se mettrait à tout démolir. Les alphas peuvent être complètement socialisés, mais seulement à condition qu'on leur fasse faire du travail d'Alphas. On ne peut demander qu'à un Epsilon de faire des sacrifices d'Epsilon, pour la bonne raison que, pour lui, ce ne sont pas des sacrifices; c'est la ligne de moindre résistance."
Le meilleur des mondes, Aldous Huxley.

Voilà le livre que je viens de finir (et que je vous conseille au passage, bien qu'il fasse froid dans le dos!). Et ma question, que je n'arrive pas bien à formuler mais que je vais essayer de vous transmettre...Et dans une société d'hommes égaux, avec des facultés d'intelligences égales (à peu près, si l'on fait abstraction de personnes malades ou réduites), dans une société comme la notre donc, faites d'Alphas disons, puisqu'on nous avons la capacité de faire des choix, de prendre des responsabilités...peut-on demander à certains de faire le travail d'Epsilons, pour reprendre les termes d'Huxley? Je crois que je n'arrive pas bien à me formuler...=] Bon j'essaie de me reformuler tout ça correctement et je reviens!

5 commentaires:

  1. Pour ma part, je l'ai dans ma "bibiliothèque" et ça faisait un bon bout de temps que je me disais qu'il faudrait quand même bien, un jour, que je le lise...
    Je vais voir un peu de quoi il en retourne, le lire, te dire ce que j'en pense et essayer d'apporter ma modeste contribution à ta question philosopho-littéraire !
    :)

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  2. je crois que je vais acheter ton livvre^^.il a l'air plus qu'intéressant :).Pour (esayer) de répondre a ta question,je pense que dans une société d'homme égaux avec tous les caractéristiques que tu as énoncé,l'on a pas le droit de demander à quelqu'un de faire le travail d'Epsilon puisque comme tu l'as dis dans cette société on a des choix,des responsabilités,etc...Demander cela (pour ma part) se serait aller a l'encontre de l'déal de la société que tu as énoncé.Se serait de la dictature en gros.
    C'était ma pensée^^.Un Tel?qu'en dis tu?

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  3. Si tu veux, il est au cdi...enfin, il y sera quand je l'aurais rendu quoi... x)
    Sinon Mathieu, moi je m'intéresse à notre société, et à la société possible. Tu me propose une société dans laquelle nous ne demanderions pas à certains un travail d'Epsilon, c'est à dire, une tâche dure, compliquée, pénible etc...Or, est-ce possible, comment? La voilà ma question. Parce qu'en fait, si on prend notre société à nous, je crois qu'il y a des travaux complètement pénibles, que raisonnablement aucun être au monde n'aimera faire, mais duquel notre société est complètement dépendante. Ce que je veux dire, c'est qu'il y a probablement des travaux d'Epsilons essentiel là, actuellement, tout de suite, tel que le monde est maintenant, que quelqu'un doit bien faire. Et que certains font. Et ce n'est pourtant pas une dictature?!
    Voilà le problème, peut-on éviter d'avoir à demander à certains d'entre nous de faire un travail d'Epsilons?! Comment?
    Je ne trouve aucun exemple pour m'appuyer, m'enfin, je crois que vous m'aurez compris?!

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  4. Hummm, sacrée question qui touche finalement un peu à tout (philosophie politique et particulièrement marxiste, sociologie, ontologie dans le sens où l'on interroge ici l'être même de l'Homme...) et permet de faire débat...
    En vérité, j'ai mieux saisi ce que sont ces "Epsilons" maintenant que Mamie Pissenlit l'a expliqué(les travailleurs, les ouvriers, en vérité : dans la dystopie de Duxley, la société terrifiante de castes me fait énormément penser à celle de classes, alors pardonnez-moi encore les références marxistes...).
    Mais ce que je me demande en fait, c'est si finalement tout le monde ne serait pas un Epsilon, si désormais nous ne serions pas tous des exécutants d'actions pénibles(certes protéiformes)qu'on croit nous être imposées ?
    Bref, si nous ne sommes pas égaux, certes, mais égaux dans la barbarie du tripalium ?
    En fait, mon avis est celui-ci : je crois à une société qui pourrait très bien se passer de travail (qu'il soit vraiment pénible ou pas), nous permettant ainsi de nous débarrasser de notre carapace lourde et encombrante d'Epsilon
    Pour exemple, Kazimir Malevitch, avant de commencer à peindre les toiles qu'on connaît de lui (vous savez, le fameux "Carré blanc sur fond blanc"), s'est fait un peu écrivain et a rédigé notamment un superbe traité -très court, très lisible- intitulé "La paresse comme vérité effective de l'Homme", où il explique que "le travail doit être maudit, comme l'enseignent les légendes sur le Paradis, tandis que la paresse doit être le but essentiel de l'homme"...
    Cependant, dans notre société (et il est clair qu'ici Malevitch a parfaitement vu juste), c'est l'inverse qui s'est produit, et désormais le travail est une valeur qui prime sur n'importe laquelle, sensée
    apporter("toute peine méritant salaire")vertu (le travailleur est respecté, le chômeur est pointé du doigt), bonheur et paix intérieure (on est fier lorsqu'on a accompli une tâche difficile, et qu'est-ce que l'on se sent mal après une journée de glandouille devant la TV pendant des vacances alors qu'on a, par exemple, un bac blanc d'allemand ou une version de latin à faire !!)... La notion même de travail s'est ainsi vue sanctifier, ou en tout cas devenir omniprésente dans nos sociétés actuelles, qui croient désormais qu'elles en sont dépendantes (le terme workaholic est criant à ce niveau là), et ce, à tort (du moins pensé-je puisqu'ETRE dépendant, ce n'est rien d'autre que S'ETRE CREE une dépendance, comme être, pour Sartre, n'est rien d'autre que s'être fait)... Aussi, pour moi, le problème n'est pas de se demander si la société est juste ou injuste d'exiger de certains un travail harassant, epsilonnien dirons-nous, puisque cela, elle l'exige en vérité de tous (et en ce sens nous sommes égaux !) et ce depuis bien longtemps dans nos sociétés !
    Bref, conclusion : le travail est une notion pourrissante et aliénante, et, Epsilons, reposons-nous. Enfin.

    Voila ce que je pense : c'est long mais précis ! ^^
    Merci :)

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  5. copier/coller et paf! Dans mes copies. Jsuis sure que mes profs apprécieront =)
    Je salue sinon ton looong et interessant commentaire!
    Avant de trop m'avancer, je voudrais savoir, qu'entends-tu par paresse? Et par travail? Parce que le travail, selon mon-dico-déchiqueté-qui-agonise-sur-l'étagère-derrière-le-sapin, le travail c'est "une activité déployée pour faire quelque chose", "un ouvrage réalisé ou qui est à faire", ou encore "une activité rétribuée".

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