dimanche 23 janvier 2011

Israël.



Cela faisait des mois qu'on en parlait. Des mois que j'y pensais sans m'imaginer un seul instant que le projet pu être réalisé. Je n'osais pas l'imaginer et voilà qu'on m'annonce que je pars. 3 semaines en Israël, retrouver ma meilleure amie à Tel-Aviv. Alors me voilà. Porte A du terminal 3 vols internationaux de l'aéroport d'Orly, imbibant de larmes l'oreiller de mon copain, qui vient de disparaître derrière une foule de voyageurs anonymes après m'avoir dit au revoir. Je suis dans un état d'hystérie proche de la folie. Je pars en Israël. Israël. C'est presque comme dire que je vais explorer le Never-land de Peter Pan, le pays des Merveilles d'Alice ou encore la Terre du Milieu. Ce nom évoque tant de choses. C'est comme une terre très lointaine, là où tout commence, et où tout finira probablement, un pays dont on vous a souvent parlé mais qu'on garde un peu comme une contrée éloignée, presque inexistante, pleine de mystère, de beauté. Il y a un peu de magie dans ce nom d'Israël. Sans doute est-ce mon éducation catholique qui me fait percevoir Israël comme une terre si sacrée, si pleine de signification. Comme si me dire que si l'Israël de la Bible existe réellement alors sans doute Dieu comme le décrit la Bible existe-t-il aussi, comme une petite preuve infinie qu'il y a un Dieu d'amour.
Alors me voilà dans ce terminal, entourée de voyageurs parlant dix langues différentes, et moi sanglotant parce que je ne vais pas voir mon copain durant trois semaines (une éternité quand on est tout fraichement amoureux...et je me passe de vos commentaires!) et que je vais retrouver Salomé, que je n'ai pas vu depuis un an (une éternité quand on s'aime comme des soeurs) et puis parce que je vais faire un voyage que je n'osais même pas imaginer. Partir en Israël à 17 ans, c'est comme une promesse que je voyagerais toute ma vie dans des lieux qui me paraissent inaccessibles. Hystérique donc, riant et pleurant toute seule dans l'aéroport, sans doute extrêmement effrayante (j'hésite vraiment à vous raconter ce passage peu glorieux de mon voyage...) je n'arrive à me calmer qu'une fois dans l'avion (qui mettra une heure de plus pour décoller) et m'endort épuisé d'être aussi excitée. Je n'ouvre même pas les yeux quand l'avion s'envole et les rouvre lorsqu'une hôtesse de l'air tente de poser un plateau de nourriture casher (la première de mon voyage!) sur la tablette, déjà encombrée de mon oreiller, et moi ronflant et bavant gaiement. Mais je m'égare.
Il est 21h30 quand j'arrive à l'aéroport de Tel-Aviv. Salomé m'attends avec sa mère et un ballon avec écrit "Welcome" en lettres énormes. L'hystérie me reprend. Mais sans les larmes cette fois, et elle est partagée: ça fait du bien d'avoir l'air effrayant à deux. On se sent (un tout petit peu) moins bête. La température extérieure est de 32degrés, et je me vois contrainte de retirer bien vite ma légère veste en jean et mon foulard (mes seules armes contre la clim' de l'avion... il faudra vraiment qu'un jour on m'explique pourquoi ont tient absolument à maintenir une température aux alentours de 0 degrés dans l'appareil...). L'air est humide, chaud, lourd, mais c'est agréable, cela me rappelle la ville de San Pedro Sula, dans mon pays natal. Je me sens comme chez moi. Le plafond de la salle d'arrivée de l'aéroport est couvert de ballons gonflés à l'hélium, de toutes les formes et les couleurs imaginables, que des gamins un peu distrait on eu le malheur de lâcher: les ballons se sont bien vite enfuis rejoindre leurs compagnons "Welcome" "Bienvenue" "Bienvenido" et autres sur la surface blanche, à plusieurs mètres de haut. Mais moi, imperturbable, héroïque, je garde mon poing ferme, n'offrant aucune possibilité à MON ballon de s'enfuir. Et sors de l'aéroport avec la promesse de trois semaines inoubliables...
(les photos: vues sur Tel-Aviv depuis l'appartement de Salomé. Les grues, les terrains encombrés de matériel: dès qu'on met le nez dehors, on constate la jeunesse du pays. Partout, on construit, on s'installe dans des immeubles tout neufs, tout est fait pour accueillir les juïfs des quatre coins du monde qui souhaitent s'installer sur la terre de leurs ancêtres.)

4 commentaires:

  1. L'épisode des ballons est puissamment et délicieusement écrit, décrit, décri-é et crié ?
    Bravo Mamie! Cette série telles les nombreuses de UN TEL athée hâtif été, a t il été, est cap-ti-van-te. Et sans cap le vent "teti-lle" sur vos lettres pétill-antes. Frétillances

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  2. Superbe texte
    et quel ton délicieux...
    cela m'évoque "comment voyager avec un saumon" d'Eco
    peut-être même le gurb de mendoza
    à moins qu'il n'y ait aucun rapport
    ou alors "le congrès de futurologie" de Lem
    tout cela est si frais, si vif
    que la sincérité se fait humour
    un régal

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  3. Moi, cela ne m'évoque rien de connu mais ça n'empêche en rien que j'apprécie grandement ce récit de voyage !
    La question est qui me turlupine : à quand le même sur "San Pedro Sula" que, pour le coup, je ne connais absolument pas ! ^^
    :)

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  4. J'aime beaucoup ton récit de voyage, il est nous très bien décrit et conté ( personnellement, au fil de ton texte je m'imaginais les lieux et les situations ^^)

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