samedi 27 octobre 2012

jeudi 18 octobre 2012

Les belladones matamoreques



Les belladones matamoresques ne sont pas des morues ni des marraines. Elles sont un algèbre de convoitises, toutes cabossées, toutes culottées. Elles ne sont pas du bas de ma rue, mais battent le pavé quand même, lorsqu’il le faut, lorsqu’on les affecte (elles ne sont pas ordonnables, et encore moins ordonnées). Ardues, hardies, ardentes, les belladones matamoresques ont une scène où lézarder, ont un zèle pour lacérer, de pénombres et panurges, d’herbes grasses en lits douillets. D’ailleurs elles sont grosses, elles sont minces, elles s’immiscent, elles- grincent, s'amènent puis s'amassent. Elles sont les arpèges haletants d’une romance grivoise. Elles gravissent, sévissent, séquestrent et s’éclipsent. Elles esquivent, elles espèrent. Elles sont exquises, elles exagèrent, elles exaspèrent ! Elles sont spatiales, elles sont spectrales, elles sont spéciales, elles sont spirales. Elles sont spectacle, et elles spéculent. Elles spolient poliment, elles salopent goulûment. Decepimur specie recti. Les belladones matamoresques ont une fresque à entretenir, et quelques frasques, et quelques frises. Elles sont la fraise et le phrasé, elles sont le polar de la parole. Elles n’ont de pareil. Les belladones matamoresques sont grimpantes, grapilleuses, ripaillantes et périlleuses. Elles sont chatouilleuses et attrayantes, chatoyantes et onctueuses. Elles sont la pulpe et le pépin. Elles sont la verve et le vagin. Mi-andalouses, mi onduleuses, elles chevauchent, s’amoncèlent, chavirent, s’émancipent. Elles sont un sucre, elles sont la cime, elles sont le vent, elles sont la vigne. Et elles s’agrippent et elles s’agrippent, elles ont des grappes qui ne s’arrêtent... pas ! Elles accostent, castagnent, encastrent et questionnent. Les belladones matamoresques sont de Castille et de Médine et de Modène, elles sont mondaines elles sont madones. Elles dominent,  médisent, prédisent et promènent. Elles se donnent, elles s’adonnent, elles s’attèlent, elles attachent, elles martèlent, elles s’entêtent, elles s’attardent, elles entachent. Prédatrices. Rédemptrices. Ils s'abandonnent. Elles abandonnent. Débandade méticuleuse. Elles sont vivantes, vivaces, vicieuse, vénitiennes et pernicieuses. Elles sont vaines et nobles, vénéneuses et artérielles. Pénélopes homériennes, peines et limbes homériques. Elles adoucissent, elles endoctrinent. Les belladones matamoresques sont farouches et sont fardeaux elles sont manouches elles sont badauds. Elles interdisent. Elles sont actrices. Elles sont assises sur l'interstice, entre la pustule et le pistil, entre le mâle et la mamelle. Tantôt masculin, tantôt féminine, un tantinet faquin, un tantinet mesquine, elles s’égratignent parfois, parfois, pour mieux parfaire, pour mieux pourfendre. Les belladones matamoresques ont toutes saisons et toutes coutumes sous leur emprise. Elles sont à prendre, toujours ! Ne sont éprises, jamais ! Elles sont méprisantes, et méprisables. Elles sont du lierre elles sont du lys elles sont délice elles sont sans lois. Elles ont des cils qui sont des laisses qui se prélassent sur la proie qui la délaissent et qui la broient. On  les aime à mort. Elles les aiment à point. Un point c’est tout, une mort c’est peu. Pointilleuses et pétillantes, tonitruantes et silencieuses, elles sont les truands, elles sont la tueuse. Les belladones matamoresques sont saoudiennes ou soudanaises, elles courtisent, elles soudoient et soutirent le courtois. Elles sont un cartel, un carnage. Elles sont si certaines, les Carthaginoises, comme une corrida, comme une parodie. Sadiques séduc-trices. Elles tracent les goûts et les couleurs. Elles sont couleuvres elles sont coulantes. Elles sont une œuvre, elles sont une gente. Elles ont aux lèvres une colère, lente et délicieuse ; sombres et rocailleuses. Elles sont la racaille de l’hymen, elles sont le corail, elles sont le menhir. Elles ne s’amenuisent point, elles croissent, elles croissent, elles croissent, toujours. Elles sont tangibles elles sont tangentes. Elles sont tentantes elles sont tantriques. Elles vont têtues et à tâtons, elles sont tétons, elles sont traitresses. Les belladones matamoresques caracolent et caravanent, elles racolent et elles régalent. Elles sont en cavale, en carrosse, en cabale et cabriole. Elles se cabrent, elles se cambrent, elles sont l’arbre elles sont l’ambre – ovulaire ; opulentes. Elles sont la parfaite épouse puis la perfide Cabourg, elles gainsbourgeonnent, et elles aspergent. Elles assujettissent, et elles entassent, et elles en jettent. Et elles en jasent. Elles tissent leur récolte et empêchent la révolte. Puis elles aspirent à de nouveaux méfaits, qui seront magots, qui seront mégots. Elles sont mégalomanes et mythomanes. Ils sont michetons et mijotés. Elles sont Célimène et Salomé et Soliman. Elles sont folles et folâtres et saumâtres. Elles bafouent, batifolent et elles rigolent. Affriolantes, aphrodisiaques, africaines et paradisiaques. Elles sont une hérésie frénésiaque, une frénésie héroïque, véhémente. Elles sont d’une langueur océane, d’une largesse assommante. Les belladones matamoresques sont gentilles, hâtives, hantises. Elles sont l’entaille charnue de ces batailles charniers. Elles sont le rouge carmin. Elles sont le noir Carmen. Elles sont charnières charnelles carnassières et acharnées, elles sont à Charcot, à Mucha. Elles sont amochées et elles sont méchantes. Elles sont des machines elles sont des machines (elles sont des machines). Femme poisson, femmes oiseaux, femme potion, femmes poisons ! Elles sont à Ovide, à Horace, horribles et sauvages, elles sont avides comme évidentes. Elles sont dentelles elles sont dantesques, canines, incisives et molaires. Elles sont l’art d’aimer, elles ont l’air démentes. Elles sont à Mantoue, elles sont des forteresses peu civilisées, celle de la fortune et celle- du funeste. Glaneuses, flâneuses, flanelles. Les belladones matamoresques sont une querelle, une galère, et elles n’ont que faire, et elles n’ont que l’air. Galantes. Galeuses. Elles sont gênantes, elles sont neigeuses. Elles sont glaciales, brûlantes, gracieuses, gluantes. Elles sont rassises, mais elles sont neuves. Elles sont des nymphes, elles sont la nef. Elles sont la racine, le tronc, la branche. Elles sont la trame de toutes histoires. Elles sont les tzarines les plus austères. Elles sont la brame des dieux infernaux en rut, en lutte. Elles sont brutales ayant brouté à ces pâtures accaparées. Elles sont la parure, l’apparence et le burlesque. Elles sont le barbare, elles sont le murmure. Les belladones matamoresques sont argentines, argentées et gantées pour rejeter. Pour rejaillir elles sont rigoureuses, vigoureuses, revigorantes et bigarrées. Elles sont bagarreuses et ravageuses. Elles sont Ravachol quand ils sont avachis comme avalé puis recrachié. Elles ne raccrochent jamais ; elles- répondent toujours. Elles sont furibondes et frappadingues, vagabondes et abondantes, répandues et butineuses. De butins en pâtures, elles sont nomades, monades, monar-chiques. Elles- chiquent ce qu’elles trouvent à loger sous la dent, comme une trombe qui soulage qui s’allonge qui s’allonge qui s’allonge qui s’allège. Elles sont allégeance. Elles sont chasseresses, pécheresses, elles sont sécheresse, elles sont à sec, et torrentielles. Tarentules étatiques. Elles sont toxiques, nocives, évasives, invasives et vaseuses. Elles sont taurines et requins, elles sont torrides et marocaines. Et elles sont froides. Elles sont des sirènes de marécage, des chimères, des spécimens. Elles ne sont pas si mal. Les belladones matamoresques sont des titans attentifs, des tyrans attirants, elles étirent, elles essoufflent, elles effilent, elles étouffent, elles atteignent, elles attaquent, harcellent, hameçonnent, harponnent, étreignent, éreintent, étriquent, esquintent ; éteignent, et trinquent. Elles sont la comptine qui tonne. Les jardins de Babylone et ses quintessences indécentes, indécises et indociles. Elles sont d’obédience indomptable. Les belladones matamoresques sont païennes, paillardes, paillettes et gaillardes. Elles sont persiennes persanes, parisiennes et maritales. Elles sont Cléopatriarcales. Inconstantes, incontinentes, impertinentes et partisanes, elles sont impartiales, insoumises, insatiables car impunies. Elles ont été aperçues, là-bas. Et elles sont l'abyme, là-haut. Les belladones matamoresques savent museler et s’en amusent. L’homme est un hymne à mettre en vase, à faire suinter, à faire chuter. Et elles scintillent, elles sont satin. Elles sont taquines, ne sont catins – jamais ! Elles sont contentes, elles ont le quota, le bétail et la beauté. Elles sont là un rêve agréable, ici une sève enlisante. Elles sont la vallée de Salinas : on en salive, on s’y salit, et elles s’en lavent, et elles s’en vont. Et elles s'en foutent. Elles sont lascives et peu loyales, elles sont royales, elles sont voyelles. Les belladones matamoresques sont les moraines des cagnards, les moraines des chaudes saisons. Elles ont des mirettes à en cogner. Elles ont des maris à engrosser. Elles sont les derniers rayons sur l’échafaud, parmi la foule bestiale et en chaleur. Là elles sont le froid, le sobre, l’indifférence – ultime plaisir du condamné. Elles n’épient rien... elles expirent tout ! Elles sont la fougue, elles ont la faux. Elles ont la foudre, elles sont la fraude. Elles sont un masque. Elles sont marquises. Marâtres puis matrices. Elles sont un gouffre magnifique. Les belladones matamoresques sont les fleurs de Séraphine. Elles sont le vitrail... et la vitrine. Elles sont gitanes, elles sont latines. Hypnotiques, apnéiques, hypothétiques et pathogènes. Elles sont pathos, elles sont pétasses, elles sont papesses et peu sages, elles sont sans gêne et de passage – le temps de lorgner, le temps de croquer. Elles sont craquantes, elles sont marquantes. Furi-euses et cori-aces, elles sont fugueuses fugaces futiles, fussent-elles utiles avec audace. Elles sont radi-euses. Elles sont odi-euses. Les belladones matamoresques sont une menthe religieuse et régalienne. Elles sont antillaises ou bohémiennes, elles sont de Sienne, elles sont de Vienne, de Padoue, de Pavie. Elles sont sournoises, elles sont noirceurs. Elles sont sur lui comme sur elle comme elles susurrent à leurs oreilles. Et elles s’assurent qu’ils ne s’insurgent – pas ! Les belladones matamoresques ont du gestuel et du digestif, du gesticule et du callipyge. Elles sont l'oracle, elles sont l'orage. Elles sont brigannes et imbridables, elles sont un crachin d’or, elles sont un crescendo, elles sont un crochet doux, d’où l’on ne peut fuir. Elles sont un ballet rauque et rêche, elles sont nouvelles. Elles sont le boléro de Ravel, elles sont rêvées chéries charrieuses charmantes charo-gnardes. Et elles sont belles, et elles sont belles. Les belladones matamoresques sont les murènes des passions, les miroirs des précieuses, les Merveilles dépressives. Elles sont une drague, elles sont une drogue. Elles sont une vogue elles sont une vague. Elles montent, elles mentent, elles mitent, elles matent, elles mutent et mettent – en cage. Elles sont maj-estueusement injustifiables. Elles sont dans la plus haute salle de la plus haute tour. Les belladones matamoresques ont un empire d’âmes, d’hommes, d’hum-anités. Elles sont venins de vanité! Elles sont peu plates, elles sont peuplade, elles sont la plante et l’araignée. Plantureuses et agrippantes, elles sont hargneuses, impétueuses, elles sont une harde impérissable. Elles sont une horde, elles sont impies. Elles sont Harpies et elles arpentent, alpaguent, haranguent, enragent. Elles s’arrangent, elles s’abrogent. Elles sont l’ombrage, elles ont l’ombrelle. Puis elles abrègent, puis elles embrochent ... avec ! Et elles sont belles, et elles sont belles : impérieuses, impériales. Le râle sous la roche, le râle qui enrôle et celui qui arrache, se frotte, se racle et s'effrite. Les belladones matamoresques ont des liasses de liesses pour donner, et des hyènes et des lianes pour reprendre. Elles sont féroces caprices, cantatrices fiévreuses, elles sont la pègre de l’Eros, elles sont belles et belliqueuses. Elles sont saillantes, vilaines, sévillanes, vaillantes. Elles sont houleuses, elles sont roulantes. Elles sont saignantes. Les belladones matamoresques ne sont pas des morues ni des marraines, elles sont un algèbre de convoitises, un carrousel à caresser qui tourne et terrasse, rase et déroule. Elles sont sangsues sensu-elles.


Edouard M.

dimanche 14 octobre 2012

mercredi 10 octobre 2012

Les détestables


Tantôt masculin, tantôt féminine, un tantinet faquin, un tantinet mesquine, c’est
Fraiche comme un sorbet, frêle et en orbite qu’elle se dessine. C’est en herbi-
Vore menacé qu’il se destine. Il se distingué déjà sans carapace.
Jamais pareil égal ne s’attable près du roi
Et  ce rapace, pompeuse frétillance, s’accable d’un petit doigt
Redondant, radotant tant de dons adorés. Ré-
Miniscence d’une emphase volage, ce faisant doré tergiverse, turlupine et
Tarabuste de salon en salon, d’antre en âtre. Bien, beau, bio ! il est une babiole bariolée, il a sa fresque à magnifier, sous quelques phrases, sous quelques frasques, et sa fraise type XVIe à sanctifier, et pour le voir, c’est quelque chose, c’est quelque chose !
Mesdames, Messieurs, admirez se dandiner
Cette gourgandine à la gourmandise électrique,
Au doigté désuet, à la haute petitesse.
La manière rit du cil aussi ridicule qu’un fil de soie déchu.
Elle se veut la pulpe et le pépin, elle est la verve et le venin.
Venin de vanité !
Vétuste et voûtée, mais assurément jeune, aux rides pré-
Maturées, la princesse d'un baroque futile se revête prude,
A la mode de chez nous, entre deux cheveux
Gris, sur son beau cheval
Pris pour la langue française qu'elle parle, parle, parle, parle, parle...
Avis sur tout, envi de rien ; avide de tout, avis sur rien, c’est une espèce rare, aux aspects rauques. Ankylosée de louanges, elle englose particulièrement,  engrosse son monde mais le dément, elle ergote de l’auriculaire un savoir passable, une passoire-savoir à peine éclose, mais déjà éteinte, désarticulée. Monsieur d’Aiglemont de Tassigny, Comte de Pompadour, archevêque du Mont Tartare, becquette sa science qu’il tartine puis chique sur le QI-QI exécrables
De ses hôtes. C’est chic ! Entre le paon, et le manchot, ce Roiseau rare et ses pédanteries
Insupportables et colportées. C’est un cloporte au col soyeux et au clapet incalcinable.
« Mané, mané, des corps nus ! » clame-t-il. Que faut-il donc pour arrêter le volatile                                                                                                                            biscornu ?

mercredi 3 octobre 2012

Dire


Paille. Pagaille à Pigalle. Pagaye donc! Papaye. papille d'un oncques... 

           Je n’ai jamais envié les oiseaux. Leurs manières, leurs grâces, leurs gestes, et leur quotidien, il y a là quelques chose de sublime et d’humiliant. Oui cela est évident : succomber de si belle façon en baissant les yeux et voir déferler un monde d’humanités toutes prêtes, toutes disponibles, et proches les unes des autres. Et des monuments, ici et là. Et des fleuves et des rivières là et ici. Et des usines, et des asiles. Et là, et là. Ici. Allons donc, qu’il doit pourtant être cruel de vivre en l’air, à toucher avec ses deux globes comme on dit, le galbe d’un autre, un point plus gros. Non vraiment, ce qui est alléchant chez les volatiles, c’est avant tout leur langue. La langue des oiseaux. Une mixture fruitée – ou un fruit mixé – entre l’alchimie et le signifiant. Lacan n’est pas loin, la Laconie n’est pas possible ici (non pas la Laponie, crétin!). C’est un sens toujours renvoyé, signifié puis re-transformé en un autre, un Tout-autre. Et l’on papillonne, ici et là justement, de mot en mot, de sons en sons. La langue des oiseaux est un langage infini, plutôt a-fini, et pourtant – je le proclame – « à finir » ! Il est clair que l’on ne pourra jamais regarder la fin, mais qu’importe, c’est notre faim dont il s’agit, ici et maintenant ! Il s'agit alors de nous gaver, comme des oi-zo
            Tentons : le guéridon de Derrida, la théorie rhétorique, l’anémone menottée, le printemps emprunté, la « niche du chien » en somme. Nous sommes tous des oiseaux, de fait ou de mensonge. Il y a là une certitude à passer de « exulter » à « exalter » sans forcer (de la papille à la pupille). Morbleu, cela crève l’œil ! Autant qu’Albert Londres et Jack London ne sont pas le fruit d’un inceste linguistique, littéraire ou journalistique. Au diable une prétendue rhétorique cartésienne! Au diable les lois raisonnées de l'Homme qui l'oblige à se réguler, c'est un carcan odieux! C'est un dindon de dieu. [à répéter autant de fois qu'il faut pour que cela incise votre crane, et s'y insère assurément] Il nous faut se régaler, ici et tout de suite!
            Je n’ai jamais envié les oiseaux ; faire de ce monde un asile que l'on ne touche pas, que l'on oisive seulement et salement, et qu’un zoo n’en vaudrait pas mieux. Pas mieux, pas pis. Non vraiment, arrête papi tu deviens gaga là...